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Bertrand Marchal, éditeur scientifique de «Sylvie», de Gérard de Nerval, dans la collection Folio classique

Sylvie, de Gérard de Nerval

Découvrez en ligne l'interview de Bertrand Marchal.



L'interview

Pourquoi rééditer cette nouvelle, à laquelle on a longtemps préféré Aurélia ? (Isabelle S. G., Cour Cheverny)

Aurélia est disponible dans la collection Folio classique, comme Sylvie. Si la question porte sur le choix de Sylvie plutôt que sur celui d’Aurélia pour le programme des CPGE, c’est aux jurys des concours qu’il faut la poser, mais il va de soi que Sylvie entre mieux dans la thématique du temps qu’Aurélia. En outre, Aurélia est une œuvre en partie posthume et très problématique : bien des incertitudes demeurent sur la forme que Nerval aurait voulu donner à la seconde partie.

En quoi Sylvie est-elle une Fille du Feu ? (Marie-Agnès O., Saint-Etienne)

Le mythe nervalien des fils ou des filles du feu et des fils du limon, dont on trouve la version la plus développée dans l’épisode « Histoire de la reine du matin et de Soliman, prince des génies » du Voyage en Orient, renvoie à l’opposition du paganisme (religion de la terre) et du (judéo-)christianisme (religion du ciel), opposition qui structure la pensée de l’Histoire de Nerval : Antiquité (= paganisme) / Moyen-Âge (= christianisme) / Renaissance (= redécouverte de l’Antiquité et donc du paganisme). A ce paganisme est liée une cosmologie (résumée par Virgile au chant VI de l’Enéide) selon laquelle l’univers est un grand corps dont l’âme est le feu : c’est le feu central et souterrain qui anime le monde.

Or le paganisme pour Nerval n’est pas seulement le lointain passé qu’on appelle l’Antiquité, il y a aussi un paganisme présent, mais caché : car le christianisme ne s’est pas imposé en éradiquant le paganisme, mais en le christianisant. C’est dire que sous un christianisme de surface survit un paganisme éternel ou plus profond. Et le conservatoire privilégié de ce paganisme qui n’est que superficiellement christianisé, c’est le monde paysan qui a gardé sa religion de la terre : le paganisme n’est rien d’autre, étymologiquement, que la religion du paysan (paganus en latin). Quitter la ville pour la campagne, ce n’est donc pas seulement faire un voyage dans l’espace, mais aussi un voyage dans le temps, c’est retrouver quelque chose de ce paganisme éternel et par là même quelque chose de l’Antiquité. La petite paysanne Sylvie, incarnation de ce paganisme éternel (« La fée des légendes éternellement jeune ! ») et figure de l’Antiquité retrouvée (« son sourire […] avait quelque chose d’athénien. J’admirais cette physionomie digne de l’art antique »), est bien une fille du feu. Il n’y a donc pas qu’une simple formule dans l’indication qu’à son arrivée, « c’était le feu dans la maison ».

Voici par ailleurs ce qu’écrit Proust à ce propos dans son Contre Sainte-Beuve : « La couleur de Sylvie, c’est une couleur pourpre, d’une rose pourpre en velours pourpre ou violacée, et nullement les tons aquarellés de leur France modérée. A tout moment ce rappel de rouge revient, tirs, foulards rouges, etc. Et ce nom lui-même pourpré de ses deux i : Sylvie, la vraie Fille du Feu. »

Pour plus de précisions, voir ma notice des Filles du feu dans la même collection.

On qualifie parfois Sylvie de roman champêtre (certains chapitres répondent mieux que d'autres à cette épithète). Quelle différence voyez-vous entre le roman champêtre à la manière de Nerval, et ceux de l'écrivain que l'on présente comme le maître du genre, George Sand ? (Sébastien C., Nantes)

Sylvie convoque le modèle de l’idylle (de Virgile à Gessner), ou de la pastorale, et sa version modernisée et corrigée dans la perspective de l’Art social avec le roman champêtre de George Sand. Mais la nouvelle est bien autre chose qu’une transposition valoisienne des « bergeries du Berry » (la formule est de Nerval) de Sand ; ce serait plutôt, dans la dimension réduite d’une nouvelle, le A la recherche du temps perdu de Nerval, c’est-à-dire un récit initiatique qui comporte à la fois une histoire du sujet, une histoire contemporaine (de la révolution de juillet aux premières années du Second Empire), et une histoire de la littérature. Car bien plus qu’un récit sentimental ou un tableau de mœurs, Sylvie est une œuvre fondamentalement métalittéraire.

Avec l'héroïne des Filles du Feu, Nerval navigue entre rêve et réalité, présent, passé et futur, ce qui n'est pas sans rappeler la dualité monde réel - monde virtuel où évoluent les étudiants d'aujourd'hui. Amour romantique et recherche du partenaire idéal sont toujours d'actualité. Mais, comme avec Mrs Dalloway de Virginia Woolf, la nostalgie et les souvenirs des premières amours ne sont-ils pas des sujets en décalage avec les jeunes vies des étudiants de prépa ? (Isabelle F., Ronchin,)

Sans vouloir jouer les psychologues ou les sociologues de la jeunesse actuelle, je ne suis pas sûr que les sentiments que vous évoquez aient largement dépassé leur date de péremption historique, même chez de futurs ingénieurs. Et je suis persuadé que, même si on fait abstraction de ce romantisme éternel, Sylvie peut toujours parler à une sensibilité contemporaine, à condition de ne pas réduire l’œuvre à ce qu’elle n’est pas, une mièvrerie sentimentale, et de faire ressortir ce qui est indissociable chez Nerval du côté sentimental, à savoir la dimension critique ou ironique, et l’auto-dérision, explicite ou implicite (notamment par le dispositif de recouvrement des chapitres nocturnes par les chapitres diurnes).

La critique rapporte que de nombreux éléments, dans Sylvie, font écho à l'expérience personnelle de l'auteur (je pense en particulier à sa liaison avec l'actrice Jenny Colon, souvent identifiée à Aurélie, ainsi qu'à sa visite des ruines récemment exhumées d'Herculanum). Selon vous, dans quelle mesure la création littéraire s'apparente, chez Nerval, à une quête d'identité ? (Sébastien C., Nantes)

Il est évident que Nerval a mis beaucoup de lui-même dans son œuvre, mais cela ne doit pas conduire à faire de cette œuvre une lecture biographique, pas plus qu’on ne doit confondre l’auteur de La Recherche et son personnage central. Car l’œuvre est toujours une construction, une composition, ou plutôt une recomposition (« recomposons les souvenirs » dit le narrateur de Sylvie, ce qui signifie bien qu’il ne s’agit pas de souvenirs bruts). Peu importe donc l’identité de Jenny Colon, ce qui importe c’est le processus de cristallisation amoureuse du personnage nervalien pour l’actrice ; peu importe qu’il ait ou non visité Herculanum ou Pompéi (qu’il n’ait pas visité Cythère ne l’a pas empêché de décrire Cythère) ; ce qui importe, c’est ce que représente Herculanum ou Pompéi, c’est-à-dire non pas l’Antiquité à l’état de ruine, mais l’Antiquité quasiment intacte et redevenue contemporaine.

On peut dire que toute l’œuvre de Nerval a la dimension d’une quête d’identité, crise d’identité personnelle, bien entendu, ce qu’on peut appeler la folie, qui est présente dans Sylvie, même si sa hantise est, comme souvent chez Nerval, désamorcée par l’ironie : « Aimer une religieuse sous la forme d’une actrice !… et si c’était la même ! — Il y a de quoi devenir fou ! » (chap. III). Mais cette crise d’identité personnelle est inséparable chez lui de la conscience aiguë d’une crise générale : crise historique de cette époque post-révolutionnaire qui connaît encore les répliques de 1830 et 1848 ; crise religieuse, entre l’héritage de l’incrédulité des Lumières et le regain religieux du romantisme ; crise du sujet cartésien (le romantisme est aussi la réévaluation et l’exploration de l’envers nocturne de la raison humaine, soit ce qu’on n’appelle pas encore l’inconscient) ; crise enfin de la littérature elle-même et de la poésie, ce « langage des dieux » désormais concurrencé, quand il n’est pas purement et simplement remplacé, par le langage commun : la prose. Sylvie est aussi une quête d’identité, une sorte de Voyage en Orient personnel (s’il est vrai que l’Orient est proprement le lieu de l’origine), un Voyage qui n’a de sens que si l’on en revient, à tous les sens de cette expression.

En quoi cette œuvre est-elle toujours d'actualité ? De quoi tire-t-elle sa modernité ? (Solenn I. A., Lorient)

Sylvie n’est pas une œuvre naïvement sentimentale ; elle est moderne par la lucidité critique du narrateur sur les illusions ou les chimères du romantisme des années 1830 et sur ses propres illusions, ainsi que par la conscience historique qui s’y manifeste à travers la superposition des chapitres I-VII et des chapitres VIII-XII : en l’espace d’une vingtaine d’années, le monde, à commencer par le monde rural, s’est transformé, et Sylvie, la dentellière devenue gantière, ou la paysanne devenue ouvrière, est la figure de cette transformation dont nous sommes les héritiers et qui ruine définitivement l’univers factice de l’idylle. C’est le narrateur qui rappelle au rousseauiste Père Dodu que « l’homme se corrompt partout ».

Sylvie est aussi une descente dans les profondeurs du moi, au risque de la folie. Dans cette épreuve initiatique, « il faut au besoin passer les bornes du non-sens et de l’absurdité ».

Dans la présentation de l'ouvrage, vous parlez d' «éloge de la culture populaire». Je suis en effet frappé par l'importance que prennent les ritournelles et les vieilles chansons, dans Sylvie. Nerval entretenait-il des liens avec les folkloristes de son temps ? Sait-on s'il s'est particulièrement inspiré des travaux de certains d'entre eux, et de leur conception de la ruralité d'alors ? (Sébastien C., Nantes)

Cet intérêt de Nerval pour la culture populaire est représentatif de ce qu’a été le romantisme européen : la redécouverte, contre la culture transnationale et savante du classicisme (le modèle de l’Antiquité gréco-latine), des cultures nationales et populaires. Ce qui s’est fait plus tôt en Allemagne (la collecte des contes populaires par les frères Grimm), en Angleterre, en Espagne, commence donc à se faire dans toutes les régions françaises, d’abord par des initiatives personnelles (Chants populaires de la Bretagne — le fameux Barzaz-Breiz — de La Villemarqué, 1839 ; Chansons et airs populaires du Béarn de Frédéric Rivarès, 1844) puis par des initiatives institutionnelles (la Commission Fortoul-Ampère, chargée en 1852 de collecter les poésies populaires). Nerval, qui publie en 1843 « Les Vieilles Ballades françaises » (qui deviendra « Chansons et légendes du Valois »), a été un pionnier dans cette histoire.

Si vous voulez en savoir plus, je vous renvoie au livre de Paul Bénichou, Nerval et la chanson Folklorique, Corti, 1970, qui est la somme sur la question.

Avec quelle(s) œuvre(s) picturale(s) et/ou musicale(s) l'étude de Sylvie peut-elle être en correspondance ? (Delphine R., Laval)

Il y a déjà les œuvres picturales citées dans Sylvie : L’Embarquement pour Cythère de Watteau (appelé ici Un voyage à Cythère), L’accordée de village de Greuze, les tableaux de Boucher, les gravures de Moreau le Jeune. A Watteau et Boucher, on peut ajouter d’autres peintres des fêtes galantes du XVIIIe siècle comme Fragonard ou Lancret. Du côté des contemporains de Nerval, on peut penser aux paysages idylliques de Corot, notamment Danse des nymphes ou Souvenir de Mortefontaine.

Pour la musique, l’intermède ou petit opéra Le Devin du village de Rousseau, qui inspira le Bastien et Bastienne de Mozart.
Quelle actrice d'aujourd'hui pourrait, selon vous et suivant votre propre interprétation de l'œuvre, incarner le personnage de Sylvie, cette jeune campagnarde ? (David G., Locmine)
Il y a sans doute des lecteurs qui prêtent aux personnages des œuvres littéraires des visages d’acteurs, ou de personnes réelles. Ce n’est pas mon cas, peut-être par méconnaissance des actrices, mais surtout parce que la représentation littéraire transcende, à mon sens, tous les visages réels. Mais libre à vous de donner à Sylvie le visage d’une actrice.

Peut-on dire que Gérard de Nerval, comme on peut le dire de Proust, qu’il développe une philosophie du temps et de la mémoire ? Si oui, quelle est cette pensée ? (Yoann M., Les Lilas,)

Quelle signification accordez-vous à la structure si complexe de la nouvelle ? (Marie-Agnès O., Saint-Etienne)

En quoi cette nouvelle permet-elle de traiter la question du temps en littérature ? Quels conseils pédagogiques donneriez-vous, sachant que le style de Nerval n'est pas toujours abordable pour certains élèves ? (Rébecca P., Dompierre)

Le thème « Le temps vécu » vous semble-t-il rendre compte de la façon dont Nerval envisage le temps, puis l'utilise comme matériau littéraire ? (Sylvie R., Le Plessis Trévise)

J’ai dit plus haut que Sylvie était, toutes proportions gardées, et mutatis mutandis, le A la recherche du temps perdu de Nerval. Et Proust, dans son Contre Sainte-Beuve, a lui-même reconnu un chef-d’œuvre dans cette nouvelle déclenchée par un phénomène de mémoire involontaire qui réveille un souvenir dormant.
Sylvie est une œuvre privilégiée pour aborder la question du temps parce que cette nouvelle joue de plusieurs temporalités : le temps historique, linéaire et irréversible, qui est une conception moderne du temps ; le temps mythologique, renvoyant à une conception plus ancienne du temps non pas linéaire mais circulaire ou cyclique. Ce temps cyclique, c’est aussi le temps naturel (cycles des heures, des jours, des mois, des saisons, des années, tous liés aux grands cycles des révolutions planétaires), et le temps social (la semaine, la rentrée des classes ou des théâtres). Notre représentation du temps est toujours un mixte de ces deux temporalités : même la représentation du temps historique est saturée de mythologie, lorsqu’on parle de Renaissance, de Révolution, ou encore de Restauration.

On peut ici ouvrir une parenthèse pour dire que cette opposition des deux temporalités concerne aussi la littérature : si la prose (prorsus, qui va de l’avant) est fondamentalement linéaire, le vers (versus de vertere, tourner) a quelque chose de circulaire : retour à la ligne, rime, refrain, strophe = tournant). Pour cette raison la poésie est le mode privilégié du rêve de retour ou de renaissance (voir les Chimères). De ce point de vue, on peut étudier comment Nerval introduit dans la linéarité de la prose des éléments de circularité.

Le temps vécu fait en outre intervenir la mémoire, c’est-à-dire ce par quoi notre temps intérieur est réversible, une mémoire qui fait de la psyché un palimpseste, comme le dit Nerval dans Angélique : « Les souvenirs d’enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie. — C’est comme un manuscrit palympseste dont on fait reparaître les lignes par des procédés chimiques ». Pour comprendre cette comparaison, il faut se rappeler que le palimpseste est originellement un manuscrit dont on a gratté le texte pour le réutiliser. Le nouveau texte efface donc complètement l’ancien, irrémédiablement perdu, jusqu’à ce qu’Angelo Maj, au début du XIXe siècle, parvienne, par des procédés chimiques comme dit Nerval, à faire réapparaître, ou à ressusciter le texte qu’on croyait effacé. Il n’y a donc plus un texte unique qui remplace un autre texte après l’avoir effacé, mais co-existence d’un texte apparent et d’un texte latent, qui peut lui aussi redevenir apparent. Cette découverte d’Angelo Maj est comparable, symboliquement, à la découverte des villes qu’on croyait disparues d’Herculanum et de Pompéi : c’est une autre forme de résurrection du passé.

Ajoutons enfin que cette mémoire n’est jamais brute, mais à demi rêvée, et dans le cas d’une œuvre littéraire, fait nécessairement l’objet d’une réélaboration, ou d’une recomposition comme dit Nerval : «recomposons les souvenirs».

Quand on sait la fortune moderne de la métaphore du palimpseste (Gérard Genette) pour décrire le mécanisme de l’œuvre littéraire, on n’a pas de mal à concevoir que la dimension « palimpsestueuse » du temps vécu en fasse un matériau privilégié de la littérature.

Pour ce qui est de la pédagogie, lancez les élèves dans une enquête visant à repérer la chronologie de la nouvelle (temps horizontal), et les différentes niveaux temporels (temps vertical).

En quoi l'écriture de Nerval, y compris dans ses nouvelles, est-elle poétique ? (Céline M.-N., Peymeinade)

Tout dépend de ce que l’on entend par écriture poétique. Au XIXe siècle encore, la poésie était avant tout définie par une forme noble (le vers), mais aussi par une langue noble (avec son vocabulaire, ses tournures, ses figures de style, ses références mythologiques, son rythme) et un sujet noble. Avant même que ne s’impose avec Baudelaire, après Aloysius Bertrand, le poème en prose, on avait conscience, surtout au sortir du XVIIIe siècle où la poésie se réduisait à la versification, que la véritable poésie pouvait être dans la prose, celle de Rousseau ou de Chateaubriand, à partir du moment où on retrouvait dans cette prose toutes les caractéristiques de la poésie (à l’exception bien entendu de la forme du vers). De ce point de vue, on peut dire que la prose de Nerval est une prose poétique par la langue, le rythme, l’abondance des figures et des références mythologiques.

Mais le point de vue de Nerval lui-même est un peu différent. Pour lui, la poésie renvoie au divin, elle est la part du rêve, de la foi, de l’idéal, de l’enchantement ; la prose, elle, est le langage du monde moderne, qui est aussi un monde désenchanté. Voilà pourquoi Nerval peut écrire, dans Promenades et souvenirs : «J’avais nourri mon esprit de croyances bizarres, de légendes et de vieilles chansons. Il y avait là de quoi faire un poète, et je ne suis qu’un rêveur en prose.»

Pour prolonger la réflexion, je vous renvoie au livre de Jean-Yves Tadié qui tente de penser et de définir comme un genre à part entière le récit poétique : Le Récit poétique, PUF, 1978 (repris chez Gallimard, coll. Tel, 1994).

Comment conseillez-vous d’aborder Nerval en classe de 4e ? (Isabelle S. G., Cour Cheverny)

En partant du principe qu’on n’est pas obligé de tout comprendre pour apprécier une œuvre, en rendant les élèves sensibles, par la lecture, au charme de cette œuvre, et en leur faisant trouver par eux-mêmes les repères temporels dont il a été question plus haut.

Présentation du livre

Voulant fuir Adrienne, belle actrice parisienne, et avec elle le monde illusoire du théâtre, le narrateur, qui n'est autre que Nerval, se tourne vers Sylvie, jeune campagnarde qu'il a jadis aimée. Mais le rêve fait place au désenchantement : le retour à la nature, celle de l'enfance dans le Valois, n'est qu'un mythe, et le grand amour de jeunesse se révèle être une décevante paysanne. Et si ces deux femmes n'en formaient qu'une, «deux moitiés d'un seul amour» ?

Le récit progresse selon la logique d'une traversée de la mémoire : l'auteur met en scène des souvenirs personnels («à demi rêvés») et littéraires ; il témoigne d'une véritable érudition tout en faisant l'éloge de la culture populaire. La mémoire collective est pour lui assez vaste pour accueillir la réalité la plus ordinaire comme les mystères les plus sublimes.

Avec cette nouvelle des Filles du feu, Nerval dit adieu aux chimères de la jeunesse et de l'amour idéal. Ce récit poétique, entre romantisme et surréalisme, est déjà une recherche du temps perdu.

Au programme de français et de philosophie des classes préparatoires scientifiques en 2013-2014, sur le thème «Le temps vécu».

En savoir plus sur cet ouvrage

La poésie de Gérard de Nerval est également au programme des classes de Quatrième (objet d'étude : «Poésie : le lyrisme/XIXe siècle») et de Première (objet d'étude : «La poésie du XIXe au XXe siècle : du romantisme au surréalisme»)

Biographie de Bertrand Marchal

Bertrand Marchal, professeur à l'Université Paris-Sorbonne après avoir enseigné 16 ans en collège et lycée, est le grand spécialiste de la poésie française du XIXe siècle et l'éditeur de Gérard de Nerval et Stéphane Mallarmé dans la collection Folio classique.

Toute la bibliographie de Bertrand Marchal aux Éditions Gallimard