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Catherine Botterel

«Les Dimanches d’un bourgeois de Paris», de Guy de Maupassant, vient de paraître dans la collection Folio classique. Ce volume contient également dix autres nouvelles de l’auteur, ainsi que des textes de Huysmans, Flaubert et Henry Monnier.
Découvrez notre entretien avec son éditrice scientifique, Catherine Botterel, professeure de lettres au lycée Descartes à Tours.



Dans quelles classes Les Dimanches d'un bourgeois de Paris peut-il être lu et étudié ?

Catherine Botterel : Au collège, Les Dimanches d’un bourgeois de Paris peut être lu sans difficulté par des élèves de quatrième par exemple. Il trouvera sa place dans le thème «La fiction pour interroger le réel» et permettra une réflexion non seulement sur le genre narratif mais aussi sur les relations qu’il entretient avec la réalité.

Ce recueil de textes réalistes peut être complété par des nouvelles plus fantastiques du même auteur, comme « Le Horla », « La Peur », « Qui sait ? » ou « Sur l’eau ». L’étude des Dimanches peut conduire à une définition du fantastique maupassantien, qui se situe aux frontières du réel. Maupassant conduit le lecteur à s’interroger sur la vraisemblance des péripéties et met en scène des invariants que l’on retrouve dans la littérature fantastique – la solitude du narrateur-héros, un malaise personnel, des circonstances propices à la peur, etc.

Au lycée, la lecture des Dimanches d’un bourgeois de Paris s’inscrira dans l’objet d’étude sur le récit : il pourra être étudié en œuvre intégrale avec des lectures linéaires, ou en lecture cursive. Il permettra l’étude approfondie d’une période, la fin du XIXe siècle, ainsi que celle de mouvements littéraires et ouvrira sur l’étude du personnage de roman dans des textes plus modernes. Patissot est en effet loin des héros traditionnels des romans « classiques » et se rapproche plutôt des anti-héros des romans du XXe siècle. Les élèves pourraient ainsi étudier, à la suite du recueil de Maupassant, L’Étranger de Camus par exemple

I. Questions pour le collège

En quoi ces nouvelles rares de Maupassant peuvent-elles permettre à des collégiens de plonger au cœur de la société du XIXe siècle ?

C. B. : Ces nouvelles de Maupassant permettent aux collégiens d’appréhender la société du XIXe siècle dans ses caractéristiques et ses différences avec la société contemporaine. La société du XIXe voit ainsi l’ascension de la bourgeoisie et tout particulièrement celle de la petite bourgeoisie, nouvelle classe sociale, avec notamment l’apparition des « cols blancs », les fonctionnaires, dont Patissot est l’incarnation. Les nouvelles présentent aussi d’autres types sociaux représentatifs de la société du XIXe siècle comme les canotiers ou les prostituées dans « Essai d’amour » (p. 87 et suivantes), ou les suffragettes dans le dernier récit, « Séance publique ». Les Dimanches propose également des descriptions réalistes de la capitale dans les années 1880 : on y trouve une topographie précise de Paris et de ses alentours, et une description des moyens de transport utilisés à l’époque pour se rendre en banlieue, tels le train dont l’essor correspond à la deuxième moitié du XIXe siècle, mais aussi les bateaux-mouches pour le transport sur la Seine. Une étude comparée des nouvelles de Maupassant et des tableaux impressionnistes contemporains sera profitable aux élèves : Le Déjeuner des Canotiers de Renoir est peint à la Maison Fournaise, qui est citée dans le recueil à la page 90 ; le motif de la Grenouillère, repris dans les tableaux de Monet et Manet, fait vivre les canotiers qu’aurait pu rencontrer Patissot dans « Essai d’amour ». L’aspect « documentaire » des nouvelles de Maupassant se révèle également à la lecture de la biographie de Maupassant : Patissot se rend dans les lieux que fréquentait l’auteur lui-même.

Le héros, Patissot, apparaît comme un personnage caricatural. Quel modèle social incarne-t-il ?

C. B. : Patissot est un personnage caricatural à plus d’un titre. Le narrateur n’en propose qu’une esquisse : les détails physiques de l’homme ne sont pas développés et le lecteur ne connaît du personnage que des indications sur son âge, son métier et son statut familial, comme le résume la prescription médicale du médecin dans le texte liminaire, « M. X…, cinquante-deux, célibataire, employé » (p. 39). Cette absence d’identité physique et morale correspond à son manque d’originalité, de personnalité, qui le pousse à imiter les autres.

Patissot représente un type, le petit-bourgeois ou le fonctionnaire célibataire, dont le trait moral dominant – voire le trait de caractère unique, à l’instar des personnages des comédies de Molière – est la bêtise et la naïveté. Maupassant, en caricaturant Patissot (il est « sot » comme l’indique son nom), nous incite à rire de lui, ce que les personnages au sein de la fiction n’ont de cesse de faire. « Essai d’amour » se clôt d’ailleurs sur une expression révélatrice du sentiment que Patissot provoque chez les autres : « Gros serin, va ! ».

Plus encore, Maupassant nous fait comprendre que le type du petit-bourgeois et du fonctionnaire se caractérise par le conformisme et le mimétisme. C’est la raison pour laquelle Patissot imite physiquement et psychologiquement les hommes politiques au pouvoir, qui changent d’apparence au moment des élections (dans le texte introductif). Il n’est pas capable d’idées originales ou n’ose pas en avoir. Sans identité, il fait comme les autres ; et il n’évolue pas entre le début de ses (més)aventures et la fin : ses échecs successifs, en matière d’amour ou de pêche, ne réussissent pas à le transformer en véritable héros de roman d’aventures. Enfin, ce recueil peut se lire comme autant de saynètes comiques qui proposent un portrait corrosif du héros.

Pourquoi peut-on dire que les nouvelles de Maupassant sont influencées à la fois par le réalisme et le naturalisme ?

C. B. : Maupassant a toujours refusé les étiquettes et souhaitait que les romanciers ne soient pas « enrégimentés dans une école », comme il le dit dans la Préface de son roman Pierre et Jean, paru en 1887. Dès lors, son œuvre romanesque dans son ensemble n’appartient pas plus au réalisme qu’au naturalisme mais possède plutôt des traits de l’un et de l’autre.

Les Dimanches paraît en 1880, juste après « Boule de Suif », qui a trouvé sa place dans le volume Les Soirées de Médan, réunissant des jeunes naturalistes, amis et disciples de Zola. La date de publication et les fréquentations littéraires de Maupassant pourraient nous inciter à qualifier les nouvelles de naturalistes. Mais le naturalisme de Maupassant est original : dans Les Dimanches ne figure aucun élément propre à l’intimité de Patissot, motif assez courant dans les récits naturalistes. Huysmans est en ce sens plus naturaliste que Maupassant, avec l’évocation de la sexualité de Folantin (p. 252) et la transcription d’un langage oral, voire argotique dans ses textes, comme le montrent les nombreuses notes que nous avons ajoutées pour faciliter la compréhension du texte.

Ce recueil de nouvelles peut cependant être qualifié de « naturaliste » si l’on s’attarde sur l’aspect sociologique du type dont Patissot est l’illustration : le petit-fonctionnaire est ainsi caractérisé par un milieu, le travail dans un ministère, et possède un tempérament, le mimétisme et la bêtise. L’originalité de Maupassant réside en ce qu’il ne décrit pas les activités monotones du personnage effectuées dans son milieu (ce qu’il fera davantage dans une nouvelle comme « L’Héritage » par exemple), un milieu qu’il connaît bien d’ailleurs, pour avoir travaillé plusieurs années dans un ministère. Patissot fabrique bien des « transparents » qu’il offre ensuite à ses collègues (voir p. 39), mais c’est la seule tâche qu’on le voit effectuer, et toujours de façon répétitive et mimétique. Le protagoniste ne sort de sa « zone de confort » que les dimanches, en se confrontant à des lieux et des types jusqu’alors inconnus de lui. La conclusion de Maupassant est pessimiste puisque Patissot est toujours décalé et partout inadapté.

Maupassant revendique dès 1880 l’ambition de proposer « une illusion du réel » (qu’il va théoriser dans la Préface de Pierre et Jean). Le recueil Les Dimanches d’un bourgeois de Paris cherche avant tout à reproduire la réalité, sans toutefois refuser la création révélée notamment dans l’écriture blanche propre à l’auteur.

Le thème récurrent de ces nouvelles est le loisir. Patissot cherche à se divertir le dimanche en découvrant la nature aux portes de Paris. En quoi est-ce révélateur d’un phénomène social de l’époque ?

C. B. : Le XIXe siècle, plus précisément sa deuxième partie, correspond à la recherche de loisirs pour occuper les dimanches chômés, chez les petits-bourgeois ou chez les ouvriers. Les Parisiens vont apprécier les parties de campagne ou autres déjeuners sur l’herbe hors de la capitale, comme le révèlent les récits mais aussi les tableaux impressionnistes de l’époque, qu’on pense par exemple aux passages descriptifs de Germinie Lacerteux des Goncourt (1865), de Thérèse Raquin de Zola (1873) ou d’« Une partie de campagne » de Maupassant (1881) ; Monet et Manet peignent respectivement en 1866 et 1869 des toiles sur le motif du « déjeuner sur l’herbe ». Maupassant fait donc découvrir à Patissot des loisirs à la mode et lui fait fréquenter des coins inconnus des Parisiens, les bords de la Seine. Notre héros s’essaie à la marche, à la pêche et au canotage, fort prisé dans ces années-là. En fait, Patissot reproduit les activités chères à Maupassant lui-même et se rend dans les mêmes endroits que le jeune romancier : Les Dimanches a aussi une dimension autobiographique.

À quels autres personnages de Maupassant peut-on comparer Patissot ? Quelles sont leurs caractéristiques communes ?

C. B. : Patissot est la première représentation littéraire du fonctionnaire que propose Maupassant, type qu’il évoque par la suite dans d’autres nouvelles mais aussi dans des chroniques. Ainsi, Patissot ressemble à Caravan, le héros d’« En famille », ou à Cachelin dans « L’Héritage ». Le romancier dénonce le travail monotone et peu gratifiant de l’employé dans plusieurs chroniques, surtout en 1882, par exemple dans « Les Employés » (p. 172-177). Il est sensible à la misère de ces individus qui ne vivent que pour leur emploi. Ces mêmes thèmes sont repris dans les récits de Huysmans, qu’on pense à A vau l’eau ou à « La retraite de M. Bougran » dont nous citons des extraits.

II. Questions pour le lycée

La forme des Dimanches d’un bourgeois de Paris est particulière car les nouvelles s’inscrivent dans une continuité, avec le personnage de Patissot comme fil conducteur. Peut-on y voir un lien avec le roman-feuilleton ?

C. B. : La forme des Dimanches d’un bourgeois de Paris est particulière en effet, avec le personnage de Patissot comme fil conducteur ou comme héros récurrent de mésaventures successives. Les nouvelles ont été publiées dans Le Gaulois en 1880, du 31 mai au 16 août, à raison d’une nouvelle tous les lundis. Cette parution exigeait du romancier qu’il veille à la cohérence entre les textes afin que le lecteur s’y retrouve : ainsi son protagoniste se déplace-t-il tous les dimanches dans des lieux toujours nouveaux. Il fréquente la plupart du temps des individus également nouveaux. Mais à la fin de son aventure dominicale il revient toujours chez lui. Les textes sont dès lors bornés par un déplacement géographique, un aller et un retour. Maupassant glisse des références chronologiques dans son récit afin de créer des liens entre les épisodes. Ainsi, Maupassant imite et parodie le roman-feuilleton de l’époque.

Le roman-feuilleton est un roman populaire dont la publication s’effectue en épisodes, eux-mêmes insérés dans les pages de journaux avant d’être publiés en volumes. Les Dimanches est une somme de textes qui occupèrent d’abord la première page du Gaulois : chaque nouvelle se lit comme un épisode clos sur lui-même, une mésaventure de Patissot. Mais le lecteur peut aussi lire le recueil comme un tout. Les excursions successives du héros coïncident dès lors avec les chapitres d’un roman, comme le soulignent les titres et les numéros proposés par Maupassant lui-même.Les romans d’aventures étaient très appréciés des lecteurs de romans-feuilletons : Patissot fait tout pour ressembler à des héros de ce type de romans et Maupassant parodie leur contenu, voire leur style, afin de tourner en ridicule son personnage, qui prend ses rêves pour la réalité. Qu’on relise par exemple le texte liminaire, « Préparatifs de voyage », ou « Première sortie ». Les Dimanches est donc également un anti-roman d’aventures.

Comment ressent-on l’influence de la chronique dans le style d’écriture mis en œuvre dans ces nouvelles ?

C. B. : Ces nouvelles, initialement parues sous forme de chroniques dans Le Gaulois, visent à donner l’illusion du réel et sont ancrées dans l’actualité du lectorat, comme le montrent « Pêche à la ligne », qui évoque l’ouverture de la pêche la veille, ou « Avant la fête », qui s’intéresse à la fête nationale. La chronique journalistique se caractérise par un style différent de la nouvelle ou du conte, jugés plus narratifs. La chronique revendique ainsi une écriture courte et hachée, avec une progression particulière, qu’on retrouve par exemple dans le début d’« Avant la fête » (p. 73). A l’inverse, les textes qui mettent en scène dès l’incipit Patissot, « Une triste histoire » par exemple, se lisent davantage comme une nouvelle au sens traditionnel du terme, c’est-à-dire un récit court centré sur une aventure de personnages. En ce qui concerne les réécritures des textes des Dimanches, les épisodes plus ancrés dans l’actualité ont donné naissance à des chroniques, publiées en tant que telles dans des quotidiens, Le Gaulois ou Gil Blas, alors que les épisodes plus narratifs ont été réécrits sous la forme de nouvelles ou de contes. Il importe de lire les réécritures proposées à la suite des Dimanches, dans le volume, afin de comprendre l’effet voulu par Maupassant dans ses choix d’écriture.

Parler du style de la chronique pour évoquer le style des Dimanches ne suffit pas à rendre compte de l’originalité de l’écriture maupassantienne. En effet, certains passages sont des transcriptions littéraires de « tableaux » dans lesquels on retrouve le sens de la vision, caractéristique de l’auteur : les descriptions de paysages témoignent d’une écriture impressionniste qui, par la juxtaposition de membres de phrases et la répétition de sons, mimerait les coups de pinceau. On pense par exemple à certaines lignes à la page 47 ou à la page 80 : « dans des lointains que des vapeurs légères bleuissaient, à des distances incalculables, il distinguait de petits pays comme des taches blanches, au versant des coteaux verts ». Le vocabulaire de la vaporisation comme le jeu sur les couleurs et les références au mouvement nous laissent imaginer la toile d’un peintre impressionniste de l’époque.

Pour quelles raisons l’essor de la nouvelle correspond-il à des attentes du lectorat de l’époque ?

C. B. : La nouvelle plaît au lectorat des journaux de l’époque car elle se caractérise par la brièveté et un nombre de personnages limité. Elle correspond exactement au « calibrage » de la page de journal. Maupassant s’est d’abord adonné à l’écriture de poèmes, dont il a publié un recueil en 1880. Le succès de « Boule de Suif », nouvelle appréciée par son maître Flaubert peu avant sa mort, révèle à Maupassant le genre dans lequel il va exceller. Les Dimanches est un recueil qui se lit en effet comme un laboratoire littéraire : on trouve des passages descriptifs proches de poèmes en prose, des passages théâtralisés rappelant les dialogues de pièces de théâtre. Les textes des Dimanches proposent également un véritable travail sur la nouvelle, dans une recherche de la variété, avec un jeu de récits enchâssés comme dans « Une triste histoire » ou « Essai d’amour », qui se terminent par des paroles prononcées par un personnage qui n’est pas Patissot, ou tout simplement par un rebondissement ou un renversement de situation : Patissot rate toujours ce qu’il entreprend.

Maupassant a repris certaines aventures de Patissot pour rédiger d’autres nouvelles. Quelles modifications ont été engendrées par ce travail de réécriture entrepris par l’auteur ?

C. B. : Le volume peut se lire comme un travail sur les réécritures des écrivains-journalistes. Maupassant et Huysmans répondent à une commande de Meyer pour Le Gaulois : il s’agit d’écrire un recueil de chroniques sur un thème donné, la vision de Paris en 1880. Les deux jeunes écrivains publient donc l’un Les Dimanches, l’autre Les Mystères de Paris, dont notre volume propose deux des quatre textes. Les deux écrivains vont reprendre la matière de ces textes, vus comme des pré-textes, et la « reverser » dans des récits rédigés ultérieurement.

En ce qui concerne le travail de réécriture de Maupassant, les chapitres des Dimanches vont être réutilisés dans deux types de textes, des chroniques et des nouvelles. Ainsi « Deux hommes célèbres » va renaître sous la forme d’une chronique littéraire, « Émile Zola » (p. 207). Des phrases entières sont reprises et peuvent se lire comme de l’auto-plagiat. Les épisodes plus narratifs ont été réécrits sous la forme de nouvelles qui diffèrent cependant des originaux par les noms des personnages ou par les dénouements : ainsi Patissot et Boivin se transforment-ils en Morissot et Sauvage dans « Deux amis », dont le début ressemble étrangement à l’incipit de Bouvard et Pécuchet de Flaubert ; la fin de « Souvenir » se termine par un adultère alors que Patissot dans « Première sortie » se retrouve seul, sans même la consolation du plaisir sexuel.

Pourquoi peut-on dire que l’influence de Flaubert transparaît dans ce recueil de Maupassant ?

C. B. : Flaubert a marqué Maupassant à plus d’un titre. Il est son maître, comme le jeune romancier le désigne dans l’entête de ses lettres. Ami de sa mère et de son oncle, Flaubert a formé Maupassant et lui a inculqué nombre de conseils en matière d’écriture. De même, Maupassant a « aidé » Flaubert dans la rédaction de son dernier roman, Bouvard et Pécuchet, roman inachevé à sa mort en mai 1880. Dans la correspondance entre les deux hommes se lisent des renseignements demandés par le maitre au disciple et « reversés » dans le roman. Flaubert est obsédé par la bêtise, qu’il tente de débusquer partout : ses personnages, Bouvard et Pécuchet, sont en quelque sorte des « copies » de Patissot – ou inversement : ce dernier est copiste comme ses prédécesseurs, vit de multiples mésaventures comme les premiers s’évertuent à comprendre les sciences mais sans aucun succès dans leurs expériences successives. Enfin, Patissot se trouve des amis, d’abord Boivin puis le gros monsieur : les binômes ainsi formés rappellent le couple créé par Flaubert, avec les mêmes initiales – Boivin et Patissot reprendraient ainsi Bouvard et Pécuchet.

Tout indique que Maupassant, en écrivant Les Dimanches d’un bourgeois de Paris qu’il publie à partir du 31 mai 1880, pense à Flaubert qui vient de mourir. On sent l’empreinte du maître dans les motifs abordés comme dans le genre choisi ou la forme adoptée, des petites saynètes s’achevant sur un échec du protagoniste.

Les Dimanches d’un bourgeois de Paris est un recueil de nouvelles peu connu : il permet de renouveler l’étude de Maupassant tout en offrant un travail sur la réécriture, sur la construction d’une somme romanesque. De même, le personnage de Patissot peut être envisagé comme un type – le petit-bourgeois – présenté par d’autres textes et d’autres auteurs. Un parcours associé, le bourgeois au XIXe siècle, pourra donc être proposé en prolongement, mêlant les textes de Monnier et de Huysmans, auxquels pourront être ajoutées des caricatures picturales.

Propos recueillis par Kim-Lan Delahaye, professeure de lettres à Rueil-Malmaison

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