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Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod

À l'occasion de la parution de «40 personnages de roman» de Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod, dans la collection «BAM !», découvrez l'interview des auteurs.



1) A quoi reconnaissez-vous une héroïne ou un héros de la littérature ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : Nous pourrions dire que c’est un personnage de fiction dont la notoriété dépasse l’œuvre dont il est tiré pour devenir presque un mythe. On n’a pas besoin, par exemple, d’avoir lu L‘Odyssée pour connaître Ulysse. Est-ce un modèle ? Pas nécessairement. Un héros ou une héroïne de la littérature n’est pas toujours un personnage positif. Pensons par exemple à Renart, à Frankenstein ou à Dracula. Un héros surpasse simplement ses semblables pour finir par incarner une forme achevée de caractère ou de type humain : le rusé, l’enfant prodige, l’aventurier, le voyageur flegmatique…

2) Vous avez dû faire un choix, pouvez-vous nous dire quels personnages vous avez écartés et pourquoi ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : Nous nous sommes volontairement limités à la littérature narrative, c’est-à-dire aux contes, aux nouvelles et aux romans. Or il y a aussi des héros et des héroïnes de théâtre, comme Scapin, le Cid ou Roméo et Juliette… Mais les inclure aurait rendu la sélection encore plus difficile. Pour les même raisons, nous avons écarté aussi les héros de romans dont la notoriété est due essentiellement au cinéma, comme Tarzan ou James Bond.

3) Quels ont été les critères de choix ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : 40 héros, c’est bien peu. Surtout quand on parcourt l’histoire de la littérature depuis ses origines ! C’est pourquoi le livre s’ouvre sur Gilgamesh, héros mésopotamien de 2100 av. J.-C., et s’achève avec le très contemporain Tobie Lolness. Nous avons essayé aussi d’élargir notre sélection aux littératures du monde entier. On y trouvera des héros russe, chinois, ou africain, entre autres. Enfin, il nous a paru important de donner aux héroïnes la place qu’elles méritent au côté de leurs confrères masculins. Mais impossible d’arriver à la parité comme nous l’aurions souhaité : les femmes, malheureusement, ont eu longtemps la portion congrue dans la littérature.

4) Pour qui avez-vous fait cet ouvrage ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : Il s’adresse aux adolescents et aux adultes désireux d’avoir un panorama des grands personnages de la littérature. C’est pourquoi il comporte nombre de héros et d’héroïnes empruntés à la littérature jeunesse, comme le club des cinq ou Lyra. Pour ceux qui viennent de la littérature adulte, nous avons limité notre choix aux personnages accessibles à un adolescent ou une adolescente. C’est pourquoi on n’y trouvera ni Mme Bovary, ni Anna Karénine par exemple, deux héroïnes archi célèbres pourtant, mais qu’on ne peut réellement comprendre que parvenu à l’âge adulte.

5) Que souhaitez-vous transmettre ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : La curiosité et l’envie de lire. Ces personnages sont les ambassadeurs de mondes merveilleux dans lesquels nous invitons lectrices et lecteurs à se plonger au plus vite. Ce sont aussi de formidables compagnons dont l’énergie, la force et l’éclat peuvent nous accompagner tout au long de notre vie. Aussi cette sélection est-elle délibérément subjective.

6) Vous parlez de votre bibliothèque personnelle : quels étaient vos héroïnes/héros préférés dans l’enfance ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : Nous avions à peu près les mêmes. Les héros de la Bibliothèque Verte et de la Bibliothèque rose, d’abord : le club des cinq, Alice détective, Langelot, Fantomette… Plus tard, nous avons découvert Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Hercule Poirot et les héros de Jules Verne. Au fond, nos héros et nos héroïnes d’enfance avaient tous un lien fort à l’aventure et aux mystères. Ils vivaient des vies milles fois plus passionnantes que les nôtres.

7) Et aujourd’hui ?

Jean-Philippe Arrou-Vignod : J’avoue avoir un faible pour d’Artagnan, dont je relis régulièrement les aventures. Il incarne pour moi la liberté, le courage, le bonheur de vivre et l’amitié.

Patricia Arrou-Vignod : J’adore Nils Holgersson, un héros de conte dans un roman à la fois historique et géographique. J’aurais rêvé de survoler le monde comme lui sur le dos d’une oie sauvage ! J’ai un faible aussi pour Sophie, qui m’accompagne depuis ma petite enfance et qui est l’un des premiers personnages de fiction qui m’ont marquée.

8) Vos fiches sont nourries d’anecdotes : comment se sont passées les recherches documentaires ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : Nous avons relu les œuvres d’abord, puis cherché les petits faits et les anecdotes capables de piquer la curiosité du lecteur, de montrer leur origine ou, au contraire, leur actualité pour les plus anciens d’entre eux. Comme ces personnages nous habitent depuis longtemps, la familiarité que nous avons avec eux n’a pas rendu cette recherche très difficile. Le plus compliqué a été au contraire de nous restreindre : on devient vite bavard quand on parle de ce qu’on aime !

9) Et pour finir, qu’est-ce qui a été le plus réjouissant pour vous dans l’écriture de cet ouvrage ?

Patricia et Jean-Philippe Arrou-Vignod : Tout d’abord, de nous replonger dans ces lectures qui ont tant compté pour nous. Ensuite, de découvrir, en affinant peu à peu notre choix, combien nous partagions la même bibliothèque intérieure. Nous nous sommes connus au sortir de l’adolescence, nous avons grandi ensemble comme lecteurs, et ces héros et héroïnes sont ceux que nous avons eu envie de faire découvrir aussi à nos propres enfants.

Propos recueillis par Sophie Ruhaud-Trouffier

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